L’activité physique dans la prise en charge préventive ou thérapeutique des maladies chroniques, menée seule ou en complément d’autres traitements, est aujourd’hui admise par le corps médical comme stratégie « non-médicamenteuse » efficace dans certaines maladies (la « prescription » de l’activité physique adaptée à des fins de santé (APAS) est même inscrite dans le Code de la santé publique). Le cancer figure parmi ces maladies. L’inclusion de l’activité physique à toutes les étapes du parcours de soin et l’accompagnement des patients vers une pratique autonome et pérenne représentent un enjeu majeur. Sur la base d’une quantité d’études désormais acceptable, le collectif d’experts réunis par l’INSERM, conclut dans son rapport d’expertise collective « Activité physique : prévention et traitement des pathologies chroniques », en un ratio bénéfice-risque favorable de celle-ci sur les conséquences du cancer et les effets secondaires des traitements (Rapport Inserm 2019*). En effet, de très nombreuses méta-analyses, essais randomisés et études prospectives, ont étudié les effets de l’activité physique chez les personnes atteintes de cancer. La plupart de ces études a porté sur les cancers les plus fréquents, à savoir les cancers du sein, du côlon et de la prostate. Pour ces types de cancers en particulier, l’activité physique pratiquée avant ou après le diagnostic pourrait réduire la mortalité et le risque de récidive. L’activité physique est aussi préconisée dans la plupart des maladies chroniques comme l’obésité, le diabète, les maladies cardio-vasculaires, la dépression etc…
En ce qui concerne le cancer à titre d’exemple, la grande majorité des études a évalué l’intérêt de l’activité physique chez les personnes atteintes de cancer à un stade limité. Les bénéfices de l’exercice en phase avancée et métastatique ont été peu étudiés à ce jour. Il est toutefois scientifiquement établi que l’activité physique a des répercussions importantes sur la qualité de vie des personnes atteintes de cancer. Le niveau de preuves scientifiques est élevé pour dire que l’activité physique de type aérobie (sollicitant le système cardio-vasculaire), ou mixte (associant activité physique aérobie et de renforcement musculaire), est efficace sur la réduction de la fatigue et permet d’améliorer les capacités aérobies pendant et après les traitements. Les données sont en faveur d’une activité physique d’intensité modérée. Par ailleurs, selon les types de traitements, l’activité physique permet de prévenir les changements de composition corporelle (masse musculaire et masse grasse) et améliore la force musculaire. Toutefois, les bénéfices associés à l’activité physique apparaissent plus élevés lorsqu’elle est réalisée dans le cadre d’un programme adapté et supervisé. Les objectifs et indications de l’activité physique peuvent varier en fonction de l’étape de la maladie et des traitements. Par ailleurs, d’une personne à l’autre, une prescription d’activité physique aux caractéristiques individuelle et médicale est nécessaire en fonction des traitements, comorbidités, préférences (culture, expériences, histoire personnelle) et choix, conditions socioéconomiques (familiales, professionnelles, matérielles) et capacités physiques. Une grande importance doit être accordée à la formation spécialisée du professionnel pour garantir la sécurité et l’efficacité de l’intervention.
Résumé d’après le Dr. Anne Sophie Rousseau